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larguez les amarres…

Il est souvent le cas que j’ai besoin de changer d’air, de jouer de façon spontanée peu importe l’activité. Faire de l’art doit être une source de liberté pas de contrainte pour moi. J’investis mon temps auand et parce que je suis passionné. Tout au long de ma vie, quand j’ai le sentiment de m’ennuyer ou de me répéter je suis amené naturellement à larguer les amarres.

Ce récit, est adapté et traduit d’un article entitré “Casting off moorings.” de touches of sense…2019

J’avais passé presque un mois à faire des portraits, dessinés ou peints, à partir de photos de référence et soudain, sans préavis, ce visage m’est apparu.

Un personnage à regard fixe qui a une présence déconcertante.

Il y a des histoires qu’on pourrait imaginer le concernant, je n’ai trouvé aucune à raconter.

Eh bien, en ce qui me concerne, son émergence a été un moment de création spontanée.

J’ai simplement joué avec des couleurs et des formes jusqu’à ce que l’image a annoncé qu’elle était terminée.

Je prends le temps pour contempler le sens de ce personnage et son émergence dans le but de guider la suite de mon chemin artistique.

Je trouve parfois qu’un travail sur un projet précis, ou une pratique systématique de techniques artistiques fatiguant mais incontournable. Je me rends compte que le chemin d’artiste est difficilement prévisible, source de frustrations, de défis, et d’obstacles mais je continue ainsi car je ne peux pas faire autrement.

Je ne suis pas vraiment certain comment j’ai eu l’idée de me lancer le défis de réaliser 30 portraits, peu importe la raison, je l’ai accepté. .

Je suis toujours curieux de retracer mes pas, pour essayer de comprendre comment je suis arrivé où je me retrouve.

Prendre des repères.

Pourquoi, je me demande, est que je suis attiré par un sujet ou par une façon de créer à un moment particulier?

Il y a des artistes qui ont un regard que j’apprécie.

Il y a des écrivains qui ont une facilité à trouver les mots qui conviennent.

Il y a des photos qui me reviennent à l’esprit sans aucune raison apparente.

Qu’est ce qui détermine ces allers-retours entre ces exercises techniques répetitives et des moments de jeu?

Je me demande si mes jeux sont plus répresentatifs de mon âme artistique que les images qui ont été travaillées de façon plus réflechies.

En faisant d’autres activités j’ai appris l’importance du travail systématique qui m’a permis de vraiment être libre et d’aller au delà de ce que je pouvais imaginer possible.

Je suis de l’avis qu’un talent inné sans un travail régulier, ne vaut pas grande chose.

Ce monstre au regard méchant n’aurait pas pu apparaître sans le travail sur les autres portraits, ni sans la liberté de suivre mes instincts, mon flow.

Les marrées, les vagues, les cycles lunaires.

“Moonfields” 2019

Je laisse tomber les gens et leurs portraits et je trouve refuge dans les paysages.

En dessinant, mon oeil est attiré par des objets dans la pièce.

Je regarde les livres sur les étagères et je remarque des sections différentes: une sélection de livres concernant l’alpinisme, l’aikido, l’art du théâtre, la recherche pédagogique. Ces livres marquent des périodes et des passions de ma vie. Chaque section répresente des heures et des années d’attention, de travail d’enthousiasme. Parfois je me demande si ce que je fais en ce moment va durer toute ma vie ou bien si cette passion va s’épuiser.

Franchement, je ne sais pas, je n’ai jamais pris ce chemin auparavant, je verrai, je suis incurablement curieux, l’avenir dira.

Il y a des saisons, des marrées, des réverberations qui se connectent avec mes pensées, mes souvenirs, mes écrits, mes dessins, mes peintures…

Habitant pendant beaucoup d’années au bord de la mer, traversant la Manche, de multiples fois, entre le pays de ma naissance et mon pays d’adoption, la mer est devenue une partie de mon être.

Larguez les amarres.

Etrangement, je trouve de plus en plus de temps pour faire cet art quand autrefois ce temps paraissait absent.

Comment ça se fait qu’après tant d’années je trouve le temps de peindre?

Peut-être j’ai largué les amarres qui me retenaient, peut-être il est tout simplement le bon moment.

Je ne sais pas pourquoi je prends ce temps pour écrire ici.

J’étais fatigué des mots.

En dessinant, en peignant, ces mots coulent d’une source nouvelle.